15 ans à l’étranger
Le mois dernier, j’ai fêté un anniversaire particulier : mes 15 ans de vie à l’étranger.
Je me revois encore arriver dans ma chambre toute vieillotte à Rome, ma maman me disant “Tu peux rentrer avec nous, tu sais”.
Coller au mur des photos de famille et d’amis. Pleurer dans mon coin et dire à tout le monde en France “C’est super !” et à mes colocs italiens “Sto bene!”.
Et puis les jours ont passé, les semaines, les mois, les années.
Tout comme les amis, les années d’étude, les apparts, les boulots, les villes. En 15 ans, il y a eu des décès et des naissances. J’ai raté des mariages, des retrouvailles, des enterrements et des moments simples. La distance grandit avec les années. Alors on garde les doux souvenirs. On sait bien que derrière les sourires, les messages de plus en plus courts, il y a les reproches, les non-dits.
Parce que toi, tu vis à l’étranger.
Car même en suivant l’actu, en lisant les magazines en français pour rester informée et pour surtout participer aux discussions (et même si je m’en fous de Koh-Lanta), un fossé se creuse. En 15 ans, la société française a changé. Quand je rentre, je suis déconnectée. Et pourtant je dois vite me remettre dedans parce que “T’es Française, non ?!”. Ne pas critiquer la mère patrie parce que tu n’y habites plus, alors “Qu’est-ce que ça peut te faire ?”.
En 15 ans, j’ai changé bien sûr.
Je ne suis plus cette gamine timide de 19 ans. J’ai vécu pleinement ces 15 ans. Il y a eu des épisodes difficiles : des séparations, laisser Rome, des accouchements se terminant en césarienne. La vie à l’étranger n’est pas toujours rêvée. C’est la vie. Rome, Valence, Grenade, des destinations qui font rêver. Pour moi, 3 villes qui m’ont apporté énormément. Chacune à sa manière m’a enrichie et m’a construite.
Aujourd’hui, je suis française mais un peu italienne, un peu espagnole, anglaise.
“Je suis pas un, mais plusieurs. Je suis comme l’Europe, je suis tout ça, je suis un vrai bordel !”
À mes 15 ans de vie à l’étranger et à toutes celles qui suivent !