Liberté de mouvement
Nous sommes le 15 juin 2020 et le sujet de philo, pardon des Histoires Expatriées, le rendez-vous mensuel créé par Lucie du blog L’occhio di Lucie, est la liberté.
Ce petit mot de 3 syllabes choisi par Nicolas et Agnès du blog Family in Jordan a souvent été mis à l’honneur lors de l’épreuve tant redoutée du bac. Et en 2003, l’année de mon bac, quel était un des sujets ? Roulement de tambour ! La liberté ! Ce n’est pas si surprenant. En France, on la scande tellement cette bonne vieille notion de liberté qu’on en oublie un peu ce qu’elle veut dire.
Liberté, Égalité, Fraternité
Quand on vit à l’étranger, un jour ou l’autre on va vous en parler parce qu’au même titre que le fromage et le vin, la liberté c’est so french!
La liberté, mais quelle liberté ?
Comment l’aborde-t-on la liberté ? Sous quel angle ? Quelle problématique développer ? Comment ne pas faire un hors sujet ? Parler de quelle liberté ? La liberté d’expression ? Individuelle ?
Je me suis donc mise à bûcher sur une des nombreuses “facettes” de la liberté, celle qui m’est la plus chère. Je pourrais ajouter celle qui me représente le mieux et qui est surtout celle qui est sous-entendue dans le titre de notre site.
La liberté de mouvement.
Depuis toutes ces années à l’étranger, j’ai toujours été libre de mes déplacements. J’ai vécu dans plusieurs pays de l’Union Européenne où la libre-circulation est un des privilèges. Pas de frontière. Pas de visa. Liberté.
Pourtant, deux événements récents m’ont fait comprendre que cette liberté de mouvement que je pensais acquise peut être vite reprise. Du jour au lendemain.
Un référendum, liberté d’expression pour certains, fin de la libre circulation pour d’autres.
Comme beaucoup d’Européens, je me suis réveillée le 24 juin 2016 avec l’impression de vivre un cauchemar. Les résultats du référendum au Royaume-Uni venaient de tomber. Le Royaume-Uni allait quitter l’Union Européenne. Le Brexit, comme on l’appelle depuis, sonne la fin de la libre-circulation pour les Britanniques et les Européens. Chez nous, couple Franco-Britannique, la pilule a eu du mal à passer (en fait, elle est toujours coincée à travers de la gorge).
Quatre ans ont passé et encore aujourd’hui, nous ne connaissons pas les conditions du divorce. Pourrais-je aller trouver ma belle-famille sur un coup de tête ? Quels seront les papiers extra que mon compagnon devra faire ? Un visa de travail ? Qu’en sera-t-il du programme Erasmus qui a permis à de nombreux jeunes du continent de partir étudier la langue de Shakespeare à Londres, Bath, Édimbourg, Bristol ? Que le divorce soit à l’amiable ou non, la liberté de mouvement sera fortement réduite.
Libertad de paseo, libertad de horarios
La liberté de se promener, la liberté de sortir à n’importe quelle heure
Savoir quand allions-nous pouvoir sortir ? Voilà ce qui a été notre quotidien ces dernières semaines en Espagne. Comme beaucoup de pays, l’Espagne a choisi de fermer ses frontières et de réduire drastiquement la liberté de mouvement. Du jour au lendemain. Plus d’enfants dans les rues. Nous, les adultes, pouvions sortir uniquement pour les courses et la pharmacie. Tous nos voyages et sorties ont été annulés. Les visites de la famille et des amis, elles aussi, annulées ou repoussées jusqu’à nouvel ordre.
Est-ce que cela a été difficile ? Oui et non. Qui pouvait avoir envie de voyager, de se balader quand des personnes tombaient malades et mouraient ? Il y avait une conscience collective de solidarité. Puis, il y a eu les premières critiques au nom de la liberté individuelle qui semaine après semaine sont devenues de plus en plus insistantes.
Aujourd’hui, Grenade est en phase 3.
Nous pouvons nous déplacer dans toute l’Andalousie. Le masque doit être porté lorsque les distances ne peuvent pas être respectées. Ici, avec les rues étroites, cela devrait être tout le temps mais beaucoup ne portent déjà plus le masque au nom de leur liberté individuelle.
2020 sera pour moi et ma famille l’année où notre liberté de mouvement aura été amputée. L’année où nos convictions ont été chamboulées et nos acquis discutés, revus et corrigés.
Cet article participe aux Histoires Expatriées, concept lancé par Lucie du blog L’Occhio di Lucie. Le thème de ce mois-ci était la liberté, thème proposé par Nicolas et Agnès du blog Family in Jordan.