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Jungle Concepto cereal café, Granada ¡Olé!

Portrait de Ludovic Meloen

  • 15/05/202016/06/2020
  • par Coralie Neuville

un entrepreneur français en Andalousie

Portrait de Ludovic Meloen, un entrepreneur à Grenade en Andalousie
Portrait de Ludovic Meloen, un entrepreneur en Andalousie
L’Andalousie est une région très prisée des Français. Son climat particulier, sa douceur de vivre et sa culture font que chaque année des millions de touristes internationaux – 12 millions en 2019 – viennent la visiter. Certains décident de s’y installer pour le plaisir, d’autres d’y monter un business. Mais voilà, le soleil est devenu de plomb ces derniers temps pour certains Français installés en Andalousie. 

En collaboration avec l’édition andalouse du Petit Journal, je suis partie à la rencontre virtuelle de Ludovic Meloen, entrepreneur et propriétaire de la cafétéria Jungle Concepto à Grenade. Ludovic a quitté Paris et son poste chez Yves Saint Laurent pour Grenade qu’il a découverte lors d’un voyage en Andalousie. Tombé sous le charme de la ville de l’Alhambra, il y a ouvert en 2017, Jungle Concepto, un bar à céréales.

Comme de nombreux commerces, le tien a fermé au moment de l’état d’alarme. Comment te sens-tu aujourd’hui ? Que fais-tu de tes journées ?

Pour l’instant, je vis au jour le jour. Enfin, j’en ai profité pour faire du rangement, lire, faire du yoga, cuisiner. Tout ce qu’en temps normal, je ne peux pas faire car du matin au soir, 7 jours sur 7, je suis dans ma boutique. Là, nous sommes en phase 0, ce qui veut dire que je ne peux pas encore rouvrir mon activité. Si je me base sur les prévisions et comme je n’ai pas de terrasse, je devrais pouvoir ouvrir fin mai ou début juin. Mais dans quelles conditions ?

Les mesures d’hygiène, de sécurité et de distance sont très difficiles à mettre en place.

Un exemple tout simple avec les toilettes. On fait comment ? Chaque fois qu’un client se rend aux toilettes, je dois immédiatement passer après lui pour nettoyer mais je suis tout seul. Comment contrôler le local ? J’ai beaucoup de questions sans réponses. Si j’investis dans des cloisons en plexiglas, vais-je recevoir une aide ? Et cet investissement, est-il vraiment nécessaire si la loi change à nouveau dans 1 semaine, 2 semaines, 1 mois ?

Es-tu en contact avec les autorités ? As-tu reçu des informations extra en raison de ton activité ?

Non. Ce que je sais, c’est par la presse qui annonce les mesures, les amis et bien sûr, mon gestionnaire. Il n’y a pas de communication directe. Nous n’avons pas reçu un dossier qui contient ce que nous devons mettre en place et qui répond à nos doutes. Parce qu’en parlant autour de moi, je ne suis pas le seul à m’inquiéter. On sait bien qu’en tant qu’indépendant, cela va être plus difficile à mettre les choses en place. 

As-tu bénéficié de la subvention allouée en raison de l’état d’alarme ?

Oui, mon gestionnaire a fait tous les papiers. La cessation d’activité fait que je reçois un peu plus de 650 euros par mois. Les impôts du premier trimestre ont été déplacés au mois de mai, ce qui est un peu ridicule car qui ne pouvait pas payer en avril, ne pourra toujours pas payer en mai.

Est-ce que cette aide est suffisante ? Bien sûr que non ! 

Il y a les charges qui continuent à tomber : la cotisation à la sécurité sociale, le loyer de la boutique, l’électricité, les fournisseurs, etc. Et ça, c’est du côté professionnel ! Après, il y a la vie privée et rebelote, le loyer, l’électricité, la nourriture, etc. 

Pour tes loyers, as-tu trouvé un accord ?

Oui, et je sais que j’ai de la chance par rapport à d’autres. J’ai réussi à négocier le loyer du local pour ce mois-ci et le prochain. Pour mon logement privé, j’ai pu repousser les mensualités. Ce n’est pas grand-chose mais c’est déjà ça de pris.

Jungle Concepto, un bar à céréales très apprécié des étudiants et des touristes

On parle beaucoup de l’été qui vient. Il y a une forte demande pour rouvrir les activités, relancer le tourisme en Andalousie…

C’est normal. L’économie de l’Andalousie repose énormément sur le tourisme. L’été, c’est la pleine saison. Pour moi, c’est un peu différent. Jungle Concepto n’est pas sur la Costa Tropical ou à Marbella. Je suis dans le centre de Grenade et ma clientèle est composée principalement d’étudiants. Quand je vais pouvoir rouvrir, ces étudiants ne seront plus là. De même, j’ai beaucoup de clients étrangers. Je suis répertorié dans Le Routard et sur plusieurs sites coréens. Là, avec la fermeture des frontières, je dois dire adieu à cette clientèle. Et puis en été, les gens de Grenade vont à la plage. La ville se vide. Je pense que pour une ville comme Grenade qui en été vit surtout grâce au tourisme étranger, cela va être dur !

Comment vois-tu donc ton futur ?

Je ne sais pas. Je me pose beaucoup de questions. Est-ce que les gens vont continuer à sortir comme avant ? Quelles vont être leurs priorités ? Quelle sera la réaction individuelle de chacun ? Mon modèle, est-il encore fiable ? Aujourd’hui, je peux tenir. Mais qu’en sera-t-il dans 3 mois ? Dans 6 mois ? Aller vers la vente à emporter ? Mais donc renoncer au contact ?

Quand on sort, c’est aussi et surtout un moment de détente en compagnie, de socialisation.

Si je me dirige vers la vente à emporter, cela veut dire plus d’emballages, plus de transports, alors que nous savons que la pollution est un problème majeur de notre société. Je suis un entrepreneur mais avant tout un consommateur. Si je me pose toutes ces questions, d’autres aussi. Pour autant, je n’ai pas peur. Je suis positif. Cette situation va peut-être nous faire changer, revoir nos modes de vie. En attendant, patientions ! 

Pour profiter du Jungle Concepto, rendez-vous au numéro 19 de la Calle Málaga à Grenade 18002 et retrouvez-le sur Instagram

À l’origine, cet article a été écrit par Coralie Neuville et publié pour l’édition andalouse du Petit Journal. L’édition andalouse du Petit Journal a décidé de donner la parole aux entrepreneurs à l’heure de la crise du Covid-19. Cette interview de Ludovic Meloen, entrepreneur en Andalousie fait suite à celle d’Antonio Guttiérez, styliste de mode flamenca.

Les oliviers à Grenade ¡Olé!

Vert, je t’aime vert

  • 15/05/202016/06/2020
  • par Coralie Neuville
Cela fait plusieurs années que je suis Lucie et son blog L’occhio di Lucie, tout comme cela fait plusieurs années que je suis les anecdotes de ceux qui écrivent pour Histoires Expatriées, rendez-vous mensuel créé par Lucie. Il donne la parole à tous ceux qui vivent à l’étranger et qui écrivent en français. C’est à mon tour de me livrer sur le vert, le thème de ce mois-ci.

Si “Vert, je t’aime vert” n’évoque pas grand chose pour la plupart des Français, il prend tout son envol dans sa langue d’origine, Verde que te quiero verde. Ces cinq petits mots forment le premier vers de l’un des poèmes castillans les plus célèbres du XXème siècle, Romance Sonámbulo. Ce sont par ces mots que Federico Garcia Lorca, monument de la littérature espagnole, rend hommage à sa région, à ma région : l’Andalousie.

L’Andalousie, c’est une couleur, le vert.

Le vert des portes andalouses
Beaucoup de portes sont vertes en Andalousie.

C’est la couleur principale du drapeau de la région, un renvoi à son héritage arabe présent également dans son architecture et dans sa cuisine. Cette terre riche de cultures, véritable carrefour de civilisations, est aussi une riche terre cultivée où le vert des oliviers domine. Il n’est donc pas surprenant que le vert soit une constance dans les œuvres de Lorca. 

À travers ses vers, Lorca a raconté la beauté de sa terre et de ses gens. Il puisait son inspiration chez les paysans, ceux qui travaillaient dans les champs de couleur vert olive. Le vert n’est pas ici synonyme d’espoir mais bien de dur labeur et de souffrance. Il fit de même avec les gitans. Marginalisés, leur vie était rude et souvent menacée. Ici aussi, le vert représente la difficulté de la vie mais devient encore plus profond. Il symbolise la mort.

Le vert devient tragique.

Mais nous sommes en Andalousie, une terre dont le cœur bat au rythme du flamenco. Malgré les difficultés, ses gens gardent le sourire, une passion vibrante où cinq mots simples tels que Verde te quiero verde prennent leur envol et flottent sur toute l’Andalousie.

Andalousie, je t’aime Andalousie.

Cet article participe aux Histoires Expatriées, concept lancé par Lucie du blog L’Occhio di Lucie. Découvrez les autres participants et leurs anecdotes aux 4 coins du monde sur le thème du vert :

  • Agathe au Maroc
  • Adrienne au Royaume-Uni
  • Karine à Hong Kong
  • Eva au Japon
  • Angélique au Sénégal
  • Family in Jordan en Jordanie
  • Pauline en Corée
  • Elizabeth au Koweit
  • Sarah en Écosse
  • Camille au Vietnam
  • Amélie et Laura en Italie
  • Ophélie au Royaume-Uni
  • Catherine en Allemagne
  • Morgane en Espagne
  • A. au Laos
  • Perrine au Canada
  • Sans oublier la marraine de ce mois, Lucie en Italie
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Cette nuit, j'ai rêvé de l'Alhambra. Nous nous y promenions. Les jardins du Generalife étaient en fleurs. Le clapotis de l'eau des fontaines nous berçait. C'était le printemps. Nous n'étions pas seuls. Il y avait du monde autour de nous. Des personnes venues du monde entier. Elles riaient, se photografiaient dans la cour des Lions. Les enfants couraient dans les allées. Nous n'étions pas seuls. Nous jouions aux guides pour des amis connus à travers les réseaux sociaux. Le virtuel et le réel s'embrassaient. Main dans la main, ils se tenaient. ______________________________________ #rêve #alhambra #grenade #andalousie #andalucia #total_granada #ok_granada #espagne #tourisme #europe #architecture #patio #interpretation #andràtuttobene #todosaldrábien #sogno #pensee #reflet #miroir #concoursbabyandcie

A post shared by Coralie Neuville (@coralieneuville) on Apr 11, 2020 at 12:40am PDT

Compétences-Cuisiner©Boredwithborders2020 Des bouts de moi

Bilan de compétences : mon développement perso

  • 11/05/202013/02/2021
  • par Coralie Neuville
Deux mois, cela fait bientôt deux mois que nos vies ont changé. Du jour au lendemain. Nous avons dû prendre de nouveaux repères, nous adapter dans un périmètre qui s’est considérablement réduit. Le chez nous est devenu un tout : une école, une salle de sport, un bureau, une crèche, une aire de jeux, un camping. Un espace tout-en-un. 
Deux mois, c’est long mais c’est court. Tout dépend de chacun. En Andalousie, nous sommes habitués à passer beaucoup de temps avec notre fille aînée pendant l’été. Et les grandes vacances sont de vraies grandes vacances ! Mais voilà sans possibilité de sortir, tout du moins les six premières semaines, sans école, sans famille, sans activités extra, il a fallu inventer et se réinventer. 

Qu’ai-je donc fait pendant ces deux mois ? Quelles sont mes nouvelles compétences ? Parce que oui, nous avons tous développé des compétences, nous avons tous fait des choses. Qu’avez-vous fait ? Comment avez-vous passé ces deux mois ? Avez-vous appris quelque chose ? Développé une passion ? En attendant de lire vos réponses, voici mon bilan de compétences :

  1. Un potager qui ne va nous donner aucun légume ! Mais au moins, nous avons essayé et l’année prochaine, nous serons au taquet ! Depuis 2-3 ans, on se dit qu’on va se lancer et puis, on repousse. Du coup, devant l’incertitude des prochains mois et avec la peur que la fin du monde arrivait, nous avons créé un jardin sur notre terrasse. Mais voilà, n’ayant pas la main verte, nous avons mis toutes les graines dans deux caisses en bois de 40 x 30 x 50 !
Bilan de compétences. Potager développé
Il y a de la salade, des courgettes, des tomates !

Ah, ces gens de la ville !

  1. Cuisiner. Ces derniers temps, j’ai été occupée, toujours en train de courir et peu de temps pour cuisiner. J’étais même devenue une vraie adepte de la cuisine à emporter. Là, plus le choix. Nous nous sommes remis aux fourneaux. Tous les deux. À tour de rôle. Nous avons refait des plats que nous avions mis aux placards. Et on a pratiqué le batch cooking à fond ! Résultat, j’ai retiré les applications de Glovo et Deliveroo et notre porte-monnaie nous remercie !
  • Coiffeuse. Armée d’une paire de ciseaux à moitié cassée appartenant à notre fille de 8 ans et d’un peigne, j’ai fait une coupe du plus bel effet. Un succès ! Non, ne me demandez pas la photo, je n’en ai pas prise !!!
  • Experte en visioconférence. Zoom, Microsoft Teams, Skype, WhatsApp, Learn Cube, Facetime, peu importe, je suis devenue incollable ! Vous avez utiliser un autre service de visio ? Il m’en manque un ? Dites-le moi que je me forme ces prochaines semaines !

Des lignes en plus sur mon CV !

Bilan de compétences. Côté Social développé
Quand les liens sociaux sont virtuels…
  • Site Internet. Notre troisième bébé. Cela fait pas mal de temps que nous travaillons dessus mais entre enfants et travail, nous avons dû le laisser de côté. Il est enfin venu l’heure de le reprendre, de le peaufiner, de le mettre à jour, bref, de prendre soin de lui. Par ailleurs, il adore les Like, les Partage, les Commentaires. Alors n’hésitez pas à mettre un J’aime, à partager et à commenter. Vous pouvez faire la même chose sur la page Facebook et sur le compte Instagram. Ses parents en seront ravis.
Voilà pour la liste des choses accomplies ou moyennement accomplies. Mais pour qu’un bilan de compétences en soit un, il faut aussi inclure les points négatifs, ceux à améliorer ou pas.

Voyons donc ce que je n’ai pas fait, ce qui est resté en l’air. Certains points de cette liste pourraient quitter le côté obscur et basculer dans la lumière puisqu’à Grenade, nous sommes encore en phase 0. La phase 0, c’est quoi ? En gros, rien ne change ! Je peux donc continuer à développer des compétences utiles ou inutiles et enrichir mon bilan de compétences.

Voici donc ma liste de ce que je n’ai pas fait :
  • Aucun marathon de série. Zéro de chez zéro ! Ce n’est pas faute d’avoir essayé ! Nous avons tenté La Casa de Papel. Habiter en Espagne sans avoir vu la série espagnole la plus fameuse à l’étranger, c’est un peu la honte ! Un soir, nous nous sommes donc lancés. On a regardé un épisode. Le soir d’après, un autre. Et puis, plus rien ! Je sais que là, je vais aller contre-courant mais nous n’avons pas accroché.

Tout comme nous n’avons pas aimé Game of Thrones, Outlander, Breaking Bad, etc. Désolés les aficionados. 

  • Il y a eu des apéros virtuels. On s’est fait un karaoké. On a célébré le día de la Cruz, une des fêtes les plus populaires de Grenade mais on n’a pas fait de House Party. Pas de Pictionary à distance, pas de déguisements, pas de soirées cocktail ! Voilà, nous sommes devenus has been !
Bilan de compétences. Fête, projet développé
Action !
  • Mais si nous avions participé à une fête virtuelle, aurions-nous téléchargé TikTok ? Pour être franche, j’ai TikTok sur mon tél depuis environ 2 ans. Pour autant, je ne l’utilise pas. Je m’en sers juste pour regarder les challenges du moment que je ne relève pas non plus !

En fait, je suis encore dans le coup !

  • En parlant de ces challenges, qui de vous en a fait ? Parce qu’il y a eu de quoi faire ces dernières semaines. Les plus fameux : le Pillow Challenge, le Dalgona Coffee et le JloTikTokChallenge. Non, je ne me suis pas transformée en JLo en mettant un oreiller pour robe et en sirotant une boisson sucrée puissance mille que l’on appelle café ! 
  • Enfin, il y a les jeux vidéos dont le fameux Animal Crossing. Au tout début, j’ai bien soumis l’idée d’acheter la Nintendo Switch. En fait, je la veux depuis quelques temps mais je sais que je ne l’utiliserais pas. Seule notre fille y jouerait ! Donc, pas de Switch, pas d’Animal Crossing. Mais bon n’ayant jamais été fan des Sims, je ne pense pas qu’Animal Crossing me plaise !

Et c’est ainsi que se termine ce premier bilan de compétences ! Je referais le point dans un mois où je vous raconterai les nouveaux projets que nous sommes en train de développer ! 

En attendant, n’hésitez pas à commenter. Recettes, séries, jeux, activités, je suis toute ouïe.

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Grenade, quand allons-nous pouvoir pleinement profiter de toi ? Quand pourrons-nous sortir et t'admirer tranquillement ? Des instants volés de toi, voilà notre quotidien. ______________________________________ #granada #andalucia #AndaluciaTequiereEnCasa #EspañaTeEspera #SpainWillWait #ok_granada #total_granada #tourisme #turismo #travel #spain #espagne #andalousie #vieenandalousie #place #voyage #sortie #beautifuldestinations #TeEnseñoMiGranada

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Businesses are coping with the Covid-19 crisis by taking the time to better promote their products and services. This is a photo by Kiko Lozano © of the collection Souvenir by Antonio Gutiérrez. ¡Olé!

Business à l’heure du Covid-19

  • 08/05/202012/11/2020
  • par Coralie Neuville

Portrait de Antonio Gutiérrez, styliste de mode flamenca à Grenade.

Business à l'heure du Covid-19 : Collection Souvenir d'Antonio Guttiérez -  Photo de Kiko Lozano ©
Collection Souvenir d’Antonio Guttiérez –  Photo de Kiko Lozano ©

L’état d’alarme en Espagne a commencé le 14 mars, soit quelques jours avant la saison des festivités andalouses. Qu’en-est-t-il du business à l’heure du Covid-19 ?

Chaque année, des millions de touristes viennent en Andalousie pour la Semaine Sainte, la Feria de Abril à Séville, les Patios à Cordoue et le jour de la Cruz à Grenade. C’est aussi à cette époque-là de l’année qu’a lieu un des pèlerinages les plus importants d’Espagne, la Romería d’El Rocío.

Ces festivités représentaient en 2019 plus d’un milliard et demi d’euros du PIB de la région.

Elles ont toutes été annulées. C’est ainsi qu’en collaboration avec l’édition andalouse du Petit Journal, j’ai décidé de donner la parole aux personnes qui font vivre l’Andalousie. Des acteurs qui participent activement à l’image de l’Andalousie pour connaître leur ressenti sur cette crise du Covid-19.

Cette série de portraits commence avec Antonio Gutiérrez, styliste de mode flamenca de Grenade.

La semaine de la mode flamenca à Grenade venait de se terminer quand l’état d’alarme a été décrété en Espagne. Comment avez-vous vécu cette décision ?

Cette époque de l’année représente beaucoup pour nous. Il y a la Feria à Séville, les pèlerinages et bien sûr, les mariages. Du jour au lendemain, notre production s’est arrêtée. Tout a été annulé.

Économiquement, comment est la situation ?

Actuellement, nous ne recevons pas de nouvelles commandes. Mes clientes ont toutefois maintenu leurs commandes, donc pour l’instant ça va.

J’ai un cahier rempli. Mais l’année prochaine, que va-t-il se passer ?

Mes clientes porteront les créations de cette année. Cela signifie qu’elles ne passeront pas commande l’année prochaine. D’ailleurs, j’ai décidé que je ne ferais pas de soldes cette année.

Des aides ont été mises en place. En bénéficiez-vous ?

Mon atelier est fermé et mes couturières sont chez elles, au chômage technique. On attend de reprendre la production. Mais plus que les subventions, j’aimerais que le gouvernement national comme celui régional nous donnent plus de visibilité à nous créateurs. Cette parenthèse doit servir de leçon.

Comment souhaitez-vous convaincre?

Avec plusieurs stylistes de mode flamenca, nous avons créé une association, Qlamenco. Son objectif est de faire reconnaître la mode flamenca comme un secteur artisanal.

Nous voulons que les robes de flamenca qui ont inspiré des stylistes de renommée internationale comme Christian Lacroix ou Dolce&Gabbana soient reconnues comme un art. Nous voulons que le business qui tourne autour se base sur celui de la semaine de la mode à Paris ou Milan.

Pour cela, le gouvernement espagnol et la région d’Andalousie doivent nous soutenir.

Reconnaître que c’est un art. La mode flamenca, c’est quand même la seule mode régionale qui, année après année, change, évolue, qui crée des emplois et qui est admirée dans le monde entier.

Voilà pourquoi nous devons être présents à des évènements comme le FITUR, la Foire Internationale du Tourisme, à Madrid.

Lors de la semaine de la mode de Paris, pourquoi ne pas organiser parallèlement à l’Ambassade d’Espagne, un défilé de mode flamenca.

Nous avons besoin d’espace, de visibilité. Encore plus après cette crise.

Aujourd’hui, comment s’articulent vos journées ?

Je suis une personne positive qui s’adapte facilement.

Je suis particulièrement actif sur les réseaux sociaux. C’est ma façon de rester connecté avec le monde.

Ma marque se vend à Dubaï, en Belgique, je dois continuer. Pour cela, les réseaux sociaux, c’est le top. Comme je disais avant, on essaie de faire bouger les choses et de faire reconnaître la mode flamenca.

Beaucoup de maisons de mode fabriquent des masques, des équipements de protection.

Et nous aussi ! Lorsque nous avons fermé l’atelier, chaque couturière a pris avec elle sa machine à coudre. Des magasins de Grenade nous ont fourni le tissu. Cette entraide, c’est normal. Avec cette crise, nous avons retrouvé cet élan de solidarité, une humanité un peu enfouie dernièrement.

Auriez-vous pour finir un message pour nos lecteurs ?

L’Andalousie, c’est cette terre reconnue pour la fête et la bonne humeur. Je dois admettre qu’en tant qu’Andalou, je suis très fier de comment les gens ont respecté le confinement.

Nous sommes souvent considérés comme le vilain petit canard. Mais là, nous avons su démontrer qu’au-delà du soleil et de l’amusement, nous pouvons être sérieux. Nous nous sommes adaptés à cette situation sans précédent tout en gardant le sourire.

Notre terre est une terre de traditions, de solidarité et nous avons hâte de rouvrir nos bras pour accueillir tous les amoureux de l’Andalousie.

Business à l'heure du Covid-19 : Collection Souvenir d'Antonio Guttiérez -  Photo de Kiko Lozano ©
Collection Souvenir d’Antonio Guttiérez –  Photo de Kiko Lozano ©

Pour en savoir plus sur le créateur Antonio Gutierrez, vous pouvez visiter son site internet, sa page Facebook et son Instagram.

Les photos sont de Kiko Lozano. Vous pouvez les découvrir sur son Instagram.

À l’origine, cet article a été écrit par Coralie Neuville et publié pour l’édition andalouse du Petit Journal.

Olé

Le Día de la Cruz

  • 02/05/202016/06/2020
  • par Coralie Neuville

Mon jour préféré à Grenade

Día de la Cruz, place Carmen
La Croix de la place Carmen rend hommage à l’Alhambra

Une fois par an, je sors mes plus beaux atouts, je mets une fleur dans mes cheveux, je prends mon éventail et je sors dans la rue. Non, ce n’est pas à l’occasion d’un bal masqué mais pour le Día de la Cruz à Grenade.

Mais c’est quoi ce jour de la Croix ? Qu’est-ce qu’on y fait ? Et pourquoi je l’attends avec impatience chaque année ?

Le rendez-vous est pris chaque année le 3 mai. À l’origine, on célébrait la Sainte Croix. Cette fête chrétienne était célébrée dans tous les pays chrétiens. Peu à peu, elle a été abandonnée pour finalement être retirée du calendrier. Dans certains endroits, elle s’est transformée en une fête populaire tout en conservant le nom religieux. En Andalousie, cette festivité qui se situe au moment de la floraison est très appréciée notamment, à Cordoue et Grenade.

C’est à partir du XVIIème siècle que le Día de la Cruz prend son envol à Grenade. Au début, les voisins se réunissent autour d’une croix pour manger et boire. L’intérêt croissant aidant, ces réunions se transforment en comités de quartier pour réaliser les plus belles croix et inviter les habitants à les voir. Aujourd’hui, un concours est organisé pour décerner le prix de la plus belle croix. Croix, ma belle croix, dis-moi qui est la plus belle ? Et comme dans tout concours de beauté qui se respecte, il y a plusieurs catégories : la catégorie des patios, des restaurants, des écoles, …

Il y a bien sûr les préférées, celles qui chaque année sont les chouchoutes du jury et qui cartonnent du côté des bookmakers !

Día de la Cruz à Grenade
Hommage à la littérature espagnole

Au moment des résultats, il y aura toujours des déçus, des voix s’élèveront pour dénoncer ce favoritisme et puis, on passera à autre chose et on oubliera les polémiques jusqu’à l’année suivante.

Mais, voilà que je m’égare. Le Día de la Cruz, c’est bien plus qu’un concours de beauté sans Foucault, ce sont des heures et des heures de travail où des personnes se retrouvent dans la bonne humeur au son de musique flamenca pour dresser un autel où la pièce maîtresse dominera son monde et où à ses pieds des objets seront posés.

Día de la Cruz - Père et fille
Père et fille devant une Croix

Une anecdote à croquer

La première année, jeune première que j’étais, j’ai été surprise de trouver une pomme avec des ciseaux parmi les objets indispensables. Quel est ce lien qui unit la croix à une pomme et une paire de ciseaux ? En Andalousie, la pomme est appelée « pero » mais « pero » veut aussi dire « mais ». Cette métaphore de la pomme et des ciseaux permet de couper court aux critiques et aux mauvaises langues qui en se plaçant devant la croix pourraient dire « Cette croix est jolie mais (pero) il manque ça, à leur place j’aurais fait comme ça, etc. ».

En restant sur le thème des fruits et des légumes, il y a autre chose sur lequel il est impossible de faire l’impasse le 3 mai. Grenade, c’est la terre des tapas. Ici, on ne va pas au restaurant. On sort tapear. L’offre est variée et le prix de 2,50 euros pour boisson et tapa pousse à la consommation. Le jour de la Croix, ce sont des habas (des fèves) généralement crues qui vous seront servies. C’est en effet la pleine saison de cette légumineuse. Il y a donc des stocks à écouler.

Les fèves, la tapa étoile du Día de la Cruz

Ou bien, c’est pour faire plaisir aux femmes qui portent leurs magnifiques robes d’apparat mais qui ne peuvent se permettre de trop manger sous peine de voir les attaches de leurs robes se défaire.

Parce que le Día de la Cruz à Grenade, c’est un véritable défilé de mode. Oubliez Paris, Milan et New York ! Ici, se joue l’avant-garde de la mode flamenca.

Il faut oser ! Couleurs, pois, des petits et des grands, des fleurs, de la dentelle. Il faut que ça en jette ! Et j’adore ! C’est une féminité qui éclot. Pour certains, cela peut sembler rétro, ringard et too much. Jusqu’au jour où on prend part. Le 3 mai 2015 a été un vrai déclic pour moi. C’est là où j’ai vraiment ressenti Grenade comme ma ville. Habillée comme une locale, j’en étais devenue une. J’étais celle que les touristes s’arrêtaient pour me prendre en photo. J’avais traversé le miroir.

Día de la Cruz 2015
« Miroir, oh mon miroir, dis-moi qui est la plus belle ! »      

  Pour d’autres infos, voici les sites de tourisme officiels de :

  • l’Andalousie
  • la ville de Grenade
  • la province de Grenade

N’hésitez pas à commenter, à faire part de vos suggestions, à demander des conseils, à partager cet article.

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Feliz Día de la Madre 💖 Aujourd'hui en Espagne, c'est la fête des mères. Photo : @adambishop_it #diadelamadre

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