
Niña, dame el compás.
Les mains se touchent, les doigts claquent, les pieds frappent doucement puis frénétiquement. Olé ! Clap ! Pam ! Niña, dame el compás.
Le danseur transpire, la tension est palpable, le rythme s’accélère. Le danseur est en transe. Pam ! Pam ! Pam ! Le public retient son souffle. Pam-Pam-Pam-Pam, Pam ! Le regard du danseur est ailleurs. Cheveux ébouriffés, perles de sueur sur son front. La tension augmente à mesure que la cadence s’intensifie.
C’est le duende, le graal du danseur.
Puis tout s’arrête. D’un coup. Brusque et violent. Intense.
Vous n’êtes pas dans un film des années 30 de Luis Buñuel, vous êtes en Andalousie, le cœur et au cœur du flamenco.
Ici, le flamenco, ce n’est pas qu’une danse et une guitare. C’est un mode de vie. Une terre qui vibre.

Il suffit de voir les Andalous lors des fêtes patronales, les pieds battent, les mains virevoltent. Il y a une nonchalance dans leurs mouvements. Quand je regarde mes amies, avocates, maîtresses, vendeuses, elles ont toutes le compás.
Le flamenco qui nous vient du mélange de cultures dont celle gitane et celle arabe, est partout présent. De Grenade à Séville, en passant par Cádiz et Málaga. Il y a des festivals, des concerts de rue et puis, les tablaos. À Séville, les plus célèbres sont dans le quartier Triana. À Grenade, ils ont lieu dans les grottes du Sacromonte, la colline sacrée et quartier des Gitans.
Et si dans l’image collectif, le flamenco se résume à une danseuse en robe de flamenco, de préférence rouge, qui danse sur un air passionné, il est en fait bien plus complexe.

Il n’y a pas qu’un seul flamenco, il y en a plusieurs. Mieux, le flamenco est divisé en palo. Chaque palo a un compás différent, un rythme différent donc, et exprime un sentiment. L’Alegría comme son nom l’indique est un chant joyeux. À l’opposé, il y a la Seguiriya, un chant qui exprime la tristesse, la nostalgie.
On répertorie plus de 50 palos. Chaque ville a les siens. Il n’y a donc pas qu’un rythme de flamenco mais une multitude.
Les Andalous, écoutent-ils tout le temps du flamenco ?
Je dirais non mais en nuançant. Lors des mariages andalous, il y aura du flamenco. De plus, beaucoup de chanteurs espagnols ont une formation de flamenco ou sont influencés par la musique flamenca. Il suffit de penser à la jeune artiste Rosalía qui bien que Catalane y puise son inspiration.
On retrouve le flamenco même là où on ne l’attend pas. Chaque décembre, les villes andalouses organisent des concours de crèches. À Grenade, il y a donc la Ruta de los belenes, des crèches disséminées un peu partout dans la ville. Tandis que vous admirez la Nativité et essayez de reconnaître tous les santons, du flamenco vous accompagnera le long du parcours. Surprenant, folklorique mais tellement andalou.

En effet, le flamenco, c’est le faire-valoir de la région. Inscrit au Patrimoine de l’Humanité de l’Unesco, toute une économie tourne autour de cet art. Écoles de danse et de musique, spectacles, mode, tourisme, …
C’est donc un héritage que les Andalous défendent. Un rythme de vie qui les accompagne.
Envie d’écouter un peu de musique flamenco et espagnole ? J’en parle dans l’article Ma playlist Andalouse.
Cet article participe aux Histoires Expatriées, le rendez-vous créé par L’Occhio di Lucie. Ce mois-ci, la marraine est Pauline du blog EtoileVerte
Quels sont les autres participants ? Les voici :
- Véronique au Québec
- Eva au Japon
- Hélène en Italie
- Karine et Nicolas à Hong-Kong
- Morgane en Espagne
- Angélique au Sénégal
- Lucie en Italie
- Agathe au Maroc
- Et bien sûr, la marraine Pauline en Corée
Bonne lecture et au moins prochain pour un nouveau rendez-vous des Histoires Expatriées !
9 commentaires
[…] Coralie […]
J’adore ton approche du sujet, bravo c’est très intéressant !
Merci Lucie 😀
Bel article intéressant qui nous apprend des choses sur une partie de la culture andalouse.
J’adore regarder du flamenco, c’est si beau et intense, les pas, la musique et les gestes des danseurs transmettent tant de choses que ca nous touche au plus profond de nous.
Merci Eva.
J’adore !
Et cette photo de famille top !
Effectivement le flamenco est indissociable de la magnifique Andalousie !
Merci. On adore célébrer les fêtes patronales. Cette année, cela a été différent, bien sûr.
[…] Coralie en Espagne […]
J’aime beaucoup regarder danser le flamenco, j’aimerais apprendre un jour c’est magnifique ! Merci pour tes précisions sur le sujet, ça me permet d’aller au-delà du cliché qu’on en a 🙂